Article

La seconde vie des bâtiments des 3 Suisses, un chantier modèle !

Article publié le : 2 juillet 2018

Le cd2e, toujours à l’affût des initiatives « Zéro déchets » dans notre région, vous explique le projet de l’éco-quartier de la Maillerie

Ici, on déconstruit et on réemploie !

Les différents bâtiments du site des 3 suisses à Croix, construits à la fin des années 60, ont arrêté leur activité en juin 2017. Les autorités locales et les promoteurs (Link city et Nodi) souhaitent réaliser l’éco-quartier de la Maillerie sur le site alors disponible et dont le projet sera inscrit dans la logique de l’économie circulaire.

Première étape : la déconstruction 

Les objectifs du chantier sont le réemploi et la valorisation d’un maximum de matériaux. Un défi aux objectifs ambitieux mais à la hauteur des entreprises sélectionnées pour le chantier : Bouygues Bâtiment, Neo-eco, Théra ingénierie, Zerm, Fibr’&Co et Vitse.
Pour cela un diagnostic préalable aux travaux, consistant à établir un inventaire des produits et matériaux présents et leur quantité, a été réalisé. Ce sont les bureaux d’étude Théra ingénierie et Néo-éco qui ont conduit cette expertise. Ce n’était pas toujours chose facile, « il fallait trouver une filière de valorisation pour chacun des composants et composés trouvés » déclare Christophe Deboffe, directeur de Néo-éco.
Par la suite, dans la phase opérationnelle, l’entreprise Vitse a su écouter les aspirations des maîtrises d’ouvrage et d’œuvre et a su s’adapter à leur besoin en amenant les moyens techniques et humains adéquats.

Un enjeu de taille : le recyclage du béton

Les bétons et maçonneries issus de la déconstruction ont été recyclés autant que possible, la quantité totale à traiter est estimée à 45000 t dont 30000 t de bétons.

L’objectif est de transformer le béton en 7500 t de granulats 6/14, contenant très peu d’indésirables, à insérer dans la fabrication de bétons neufs. La partie 0/6, les fines, seront réutilisées en VRD, et la partie >14 en remblai. Pour les 15000 t de bétons de moins bonne qualité, ils seront utilisés dans la réalisation de sous-couches routières.

Les maçonneries en briques serviront de granulats. De plus, Christophe Deboffe mentionne un projet de réalisation de carrelages à base de fines par la société Etnisi.

La dépose et réemploi de 8000 m2 de parquet de chêne

Christophe Deboffe et Alexandre Garcin (Bouygues) ont estimé le gisement exploitable de parquet de chêne de premier choix à 8000 m2.

Afin que la dépose soit simple à réaliser avec un prix de revient optimisé pour Vitse, une méthodologie simple et industrialisée a été mise au point. Ainsi, environ 400 m² ont été démontés et repris par le collectif ZERM, 6000m2 ont été commercialisés grâce à ROTOR DC, entre 1000 à 1500 m2 ont été repris par TARKETT pour le transformer en 3000 m² de nouveaux parquets. Christophe Deboffe et Alexandre Garcin estiment le prix de renvient à 12 €/m2 et situent le prix de revente de 15 à 20 €/m2.

Le réemploi des autres matériaux de déconstruction du site

En plus de l’entreprise de déconstruction du gros œuvre, Vitse, deux partenariats ont été créés avec Fibr’&co et Zerm.

  • Fibr’&co est une structure sociale qui permet de réinsérer de jeunes adultes dans le monde du travail via le réemploi de matériaux pour la création de mobilier. Le mobilier est ensuite vendu ou loué et début 2019, une boutique dédiée verra le jour en centre-ville de Roubaix.  Cette structure est intervenue sur le chantier pour la dépose des marches et contre-marches des escaliers intérieurs. Ce bois sert à la fabrication de mobilier pour le projet de la Maillerie. Les garde-corps en tube d’acier ont également été récupérés et réutilisés pour la réalisation de l’îlot central et d’une étagère. D’autres éléments, tels que des miroirs, ont été récupérés en vue d’une réutilisation ultérieure.
  • Zerm est un collectif de 5 architectes qui travaillent sur les techniques de réhabilitation en architecture. Pour Zerm, réhabiliter, c’est redonner une affectation aux objets, matériaux, bâtiments existants et abandonnés ou considérés comme étant des déchets. Dans le cadre du chantier, Zerm a pu récupérer de nombreux éléments et matériaux : 6 poutres IPN 160, du parquet de chêne, des racks industriels, des panneaux Trespa, des luminaires, environ 200 m2 de moquette, des mains courantes industrielles, des planchers techniques, un radiateur, des cornières et bacs de convoyeur. Ces éléments ont servi pour des projets divers, la réhabilitation d’une maison de ville, la réalisation d’abris pour animaux dans une ferme pédagogique, un projet de recherche et la construction du Parpaing (le comptoir de vente de produits de réemploi du collectif Zerm). Le reste des éléments ont rejoint le stock du Parpaing.

Rien n’a été laissé de côté ! Ce chantier inspirant, basé sur le modèle de l’économie circulaire, servira, on l’espère, de modèle aux autres chantiers de déconstruction à venir.

En savoir plus