Ce modèle économique de développement des EnR, notamment très prisée dans le domaine du photovoltaïque, connait un essor fulgurant.
Permis depuis 2017, l’autoconsommation collective a connu dans ses début un réel intérêt de la part des maîtres d’ouvrages, mais peu de concrétisation. Les professionnels du secteur devaient s’adapter à ce modèle économique, encore jeune et changeant.
Guillaume Derouard, Manager territorial chez Enedis Nord Pas de Calais, constate :
« Depuis la parution du décret autorisant l’autoconsommation collective, la Direction Régionale d’Enedis Nord-Pas de Calais ainsi que les acteurs du territoire, se sont mobilisés pour assurer pédagogie et accompagnement des porteurs de projets autour de ce nouveau modèle de production et consommation locale d’électricité d’origine renouvelable.
En Hauts-de-France, la toute première opération a vu le jour en novembre 2018. Largement mise en lumière en tant que troisième opération nationale, elle a été le point de départ d’un engouement très large sur le territoire.
Cette dynamique appuyée par un réseau d’acteurs engagés dans la Troisième Révolution Industriel et le développement des énergies renouvelables a propulsé les Hauts-de-France en tant que leader de l’autoconsommation collective avec près de 10 opérations en service actuellement. Ce chiffre doublera largement sur l’année 2020 avec une dizaine d’opérations déjà initiée et une vingtaine en phase d’études.
Le nouveau décret élargissant le périmètre de ce type d’opération, la mobilisation continue des acteurs du secteur devrait encore contribuer très largement à l’essor de l’autoconsommation collective et à mettre en lumière le solaire dans notre Région. »
Ce constat est sans équivoque. Les professionnels du secteur se sont approprié le modèle de l’autoconsommation collective. Comme le fait remarquer Enedis, la législation s’adapte afin de répondre à certaines problématiques autour du photovoltaïque, avec notamment l’élargissement du périmètre fin 2019. Plus récemment, l’autoconsommation collective est devenue pérenne juridiquement ! Le caractère expérimental qui régissait les textes de loi liés à l’autoconsommation collective ont été supprimés en Mars 2020.
Nicolas Hernigou, Directeur du bureau d’étude Cohérence Energies insiste sur le fait que des adaptations soient nécessaires :
“Nous attachons une vigilance toute particulière à travailler de concert avec les gestionnaires de réseau notamment ENEDIS tout comme les syndicats. Nous estimons que ce nouveau mode de coopération autour de l’autoconsommation collective est particulièrement bénéfique à termes pour le territoire et conduit à apporter une forme de résilience (compréhension des exigences du réseau électrique, contraintes du ou des producteur(s), attentes des consommateurs…).
Les récentes mesures d’adaptation ont levé quelques premiers obstacles, néanmoins, le constat actuel est qu’il reste de nombreuses améliorations sur lesquelles agir telles que :
• L’insuffisante intégration de l’autoconsommation collective auprès des fournisseurs d’énergie (cf. système informatique et information auprès des consommateurs)
• La performance économique restreinte actuellement sans considération des possibilités en haute tension (éolienne, entreprises raccordées en haute tension, ect…)
• La reconnaissance nécessaire de ce modèle à renforcer via une adaptation proportionnée des taxes et contributions « réseau » (TURPE, CSPE et TCFE)”
A ce jour, ce sont principalement les bailleurs et les collectivités qui se sont lancés dans l’expérience. Ce modèle permet en effet aux bailleurs de réduire l’impact des charges des locataires, réduisant ainsi la précarité énergétique. Pour les collectivités, la réduction des charges de la ville est un des enjeux principaux, tout en permettant de mieux gérer les consommations. Pour autant, ce modèle peut s’adapter à une pluralité de profils, notamment les zones d’activités, comme le montre la Z.A. de Ravenne les Francs sur Tourcoing, mis en place dans le projet INTERREG BISEPS. Quelque soit l’utilisateur de l’autoconsommation collective, l’objectif est le même : regrouper des acteurs au sein d’une communauté énergétique afin de mieux maîtriser sa production et sa consommation d’énergie.
Ce modèle reste assez complexe à mettre en place, comparé à un projet en revente totale. En effet, il faut ici définir la forme juridique de l’organisme qui regroupera les différents acteurs, définir la façon dont sera utilisé l’énergie, ou encore étudier une solution technique en fonction de plusieurs profils de consommations.
Le CD2E met en place des formations, avec son partenaire Enogrid, afin de former les maîtres d’ouvrages et maitres d’œuvres dans l’appropriation de ce modèle et mieux comprendre comment monter un projet sur le plan technique, économique et juridique. Plus d’information sur notre site internet, rubrique « Formations ».