que faut-il retenir de ces Rencontres ?
La cinquième édition des Rencontres Régionales du Solaire en Hauts-de-France, un événement organisé par le CORÉSOL et animé par le CD2E , s’est déroulé le 27 mars au sein du Green Business Forum.
Ces rencontres ont rassemblé les professionnels de la filière solaire, qu’ils soient issus de la région ou de l’ensemble du territoire national. Un moment unique pour favoriser 𝗹𝗲𝘀 𝗲́𝗰𝗵𝗮𝗻𝗴𝗲𝘀, partager 𝗹𝗲𝘀 𝗱𝗲𝗿𝗻𝗶𝗲̀𝗿𝗲𝘀 𝗶𝗻𝗻𝗼𝘃𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 et à 𝗱𝗲́𝗯𝗮𝘁𝘁𝗿𝗲 𝗱𝗲𝘀 𝗲𝗻𝗷𝗲𝘂𝘅 𝗮𝗰𝘁𝘂𝗲𝗹𝘀 𝗲𝘁 𝗳𝘂𝘁𝘂𝗿𝘀 𝗱𝘂 𝘀𝗲𝗰𝘁𝗲𝘂𝗿.
QUOI DE NEUF SOUS LE SOLEIL ?
QUATRE ATELIERS AU PROGRAMME
➜ Retours d’expériences et dynamiques territoriales pour la solarisation
➜ Comprendre le solaire : de vos besoins à la solution, choisir l’ENR qui vous correspond
➜ Panorama du solaire en Hauts-de-France : état des lieux, perspectives et solutions d’accompagnement
➜ Innovations et témoignages régionaux : l’énergie solaire en action
Retours d’expérience et dynamiques territoriales pour la solarisation
A travers la présentation d’une opération collective menée par le Pôle Métropolitain de l’Artois et le CD2E en 2024, l’atelier a souligné l’intérêt des collectivités locales à penser le potentiel photovoltaïque de l’ensemble de leur patrimoine de manière à identifier les meilleures opportunités et les sites inappropriés en amont de tout projet.
Alain Bavay, pour le Pôle Métropolitain de l’Artois, a rappelé les objectifs de l’opération : faire émerger les projets en aidant les communes participantes à identifier leur potentiel, puis regrouper ces projets pour pouvoir les réaliser aux meilleures conditions financières, sociales et environnementales.
La méthode co-développée avec le CD2E a été présentée ainsi que les principaux résultats, puis M Yves Terlat et Albert Dancoisne, respectivement maire et adjoint au maire de la ville d’Annay-sous-Lens ont témoigné de la participation de leur ville à cette opération.
Enfin les suites de cette démarche ont été questionnées et le CD2E a pu faire état de plusieurs autres collectivités locales prêtes à répliquer l’opération d’une part, et d’autre part la création dans l’offre de formation du CD2E d’un module destiné aux maitres d’ouvrages pour être en mesure de réaliser ce type d’analyse de potentiel en autonomie.
Comprendre le solaire : de vos besoins à l'action, choisir l'ENR qui vous correspond
Nous parlons d’énergie renouvelable en permanence mais nous manquons souvent de recul pour les comprendre et être mesure de déterminer quelle est la bonne solution face à nos besoins.
Guillaume FLAMENT de Solaire en Nord s’est chargé de remettre le sujet à plat en caractérisant le solaire photovoltaïque, le solaire passif et le solaire thermique. Ces trois applications de l’énergie solaire ne répondent pas aux mêmes enjeux et il est nécessaire de poser la question : est-il plus pertinent pour moi de produire de l’électricité ou de la chaleur ?
La réponse varie selon les secteurs concernés : les logements nécessiteront prioritairement de la chaleur (qui représente en moyenne 70-80% des besoins énergétiques à travers le chauffage et l’eau chaude sanitaire), alors que le secteur tertiaire bénéficiera avantageusement d’une production d’électricité renouvelable.
Comprendre ses besoins, comprendre l’intérêt de chaque énergie puis faire le bon choix permettra aux citoyens et autres porteurs de projets de réaliser des installations pertinentes pour eux et pour la transition de notre secteur énergétique.
Florent TANIERE, ADEME, a ensuite présenté la démarche EnR’Choix. Cette démarche doit permettre de prendre du recul sur le recours aux différentes énergies renouvelables et propose une hiérarchisation : privilégier les énergies de récupération puis les énergies non délocalisables pour finir avec les énergies délocalisables.
Pour mieux comprendre ces termes, petite définition :
➜ Energie non délocalisable : une source d’énergie qui se situe au droit d’un projet et qui n’est pas la même que sur le terrain d’à côté.
Les deux exemples sont l’énergie solaire et l’énergie géothermique > le soleil qui tombe sur mon terrain n’est pas la même tombe sur le terrain d’à côté donc si je ne le valorise pas, cette énergie est perdue. De même pour l’énergie géothermale qui se situe sous mon projet.
➜ Energie délocalisable : une source d’énergie qui peut être mobile pour répondre à des besoins. Typiquement associé à la biomasse pour la production de chaleur renouvelable, l’exemple peut se comprendre facilement avec n’importe quelle matière utilisée > je peux importer ou exporter cette matière, elle est délocalisable.
L’ADEME finance aujourd’hui la production de chaleur renouvelable au travers de son “Fonds Chaleur” et vous accompagne notamment sur les études de faisabilité ainsi que les investissements solaire thermique.
Enfin Gauthier THIERRY, EnergEthic, conclue l’atelier en abordant les nouvelles initiatives citoyennes pour le financement des installations de production de chaleur renouvelable. Deux modèles sont envisageables, comme l’explique Energie Partagée dans son document “Le guide du solaire thermique citoyen sur bâtiments” paru en 2023 :
“Un 1er premier, assez simple, à l’échelle d’un bâtiment en contrat d’usage inspiré des modèles contractuels des coopératives qui proposent des solutions de tiers investissement pour des projets d’autoconsommation individuelle photovoltaïque. Cette échelle n’exige pas de professionnalisation mais d’identifier des ressources fiables (installateurs notamment) sur le territoire. Ou un second qui repose sur l’émergence d’un opérateur solaire thermique territorial citoyen qui prendrait en charge une grappe de projets solaires thermiques en cohérence avec une politique locale ambitieuse (contrat chaleur, exigences PLU, démarche TEPOS…). Ce second modèle pourrait déboucher sur la création d’emplois d’installateurs/mainteneurs interne ou externe à la coopérative.”
L’émergence de solutions alternatives pour le financement de cette énergie, aujourd’hui malmenée par plusieurs années de mauvais retours d’expérience et d’une visibilité réduite face au photovoltaïque, offre l’opportunité aux citoyens de se l’approprier !
Co-construire le CORESOL de Demain
L’atelier a permis d’identifier plusieurs priorités pour structurer et dynamiser la filière solaire en Hauts-de-France :
La formation doit être renforcée pour assurer une employabilité immédiate. Une veille réglementaire et technique est essentielle pour accompagner les acteurs face aux évolutions du secteur. Le CORESOL doit jouer un rôle de tiers de confiance, en accompagnant les porteurs de projets et en portant la voix de la filière aux niveaux régional et national. L’organisation de visites REX et de groupes de travail thématiques favorisera le partage d’expériences et l’innovation. Le développement de contenus pédagogiques sur les modèles innovants et l’accompagnement des porteurs de projets sont des attentes fortes. Enfin, une meilleure synergie entre acteurs et un espace d’échange dédié permettront de structurer durablement la filière solaire régionale.
Le CD2E reviendra prochainement vers les membres du CORESOL pour proposer des actions concrètes répondant à ces attentes.
Un grand merci à tous les participants pour leurs contributions et la richesse des échanges lors de cet atelier.
Innovations et témoignages régionaux : l’énergie solaire en action
Cet atelier a mis en avant des solutions innovantes pour optimiser l’usage de l’énergie solaire.
Pascal Isambert (ACCENTA) a présenté l’hybridation solaire thermique-géothermie, soulignant son rôle clé dans l’efficacité énergétique et la souveraineté énergétique. Le stockage intersaisonnier permet d’accumuler l’excédent estival pour une utilisation hivernale, réduisant ainsi la dépendance aux énergies fossiles.
Arthur Chaussart (ENOGRID) et Sylvain Petitprez (TE Flandre) ont détaillé le modèle d’autoconsommation collective mis en œuvre à Neuf-Berquin, illustrant ses bénéfices économiques et environnementaux. L’essaimage du modèle est en cours, avec la création d’une nouvelle boucle ACC à Fleurbaix via la PMO territoriale « Territoire d’Énergie Flandre Solaire ».
Enfin, Romain Ruiz (ENERSOLYS) a présenté une solution de stockage énergétique pour le secteur tertiaire. Son intervention a suscité de nombreuses questions, notamment sur l’importance du bon dimensionnement des installations pour éviter un écrêtage excessif de la production photovoltaïque.
À travers ces témoignages concrets, l’atelier a confirmé le rôle stratégique du solaire dans la transition énergétique et son potentiel de réplicabilité à l’échelle locale.