Le 5 octobre 2023 a eu lieu la 9ème édition des Rencontres Bois-Paille, un événement co-organisé par le CD2E et Fibois Hauts-de-France. Cette journée s’est déroulée dans un tout nouveau lieu réalisé en bois terre et paille : Terrabŭndo . L’occasion pour Frédérique Seels de rappeler que l’on peut tout faire avec du bois et de la paille : on peut voir grand et on peut voir « beau ».
Plus que jamais en région, les filières bois et paille se structurent permettant de développer une nouvelle logique d’économie circulaire sur les territoires. L’association de ces deux matériaux permet de construire mais surtout de rénover des bâtiments performants et économes, contre le froid mais aussi contre les pics de chaleur, tout en développant l’emploi local. Cette 9éme édition a permis de mettre en lumière ces deux matériaux au travers de 3 conférences, 4 ateliers, ainsi que plusieurs visites de TerraBŭndo.
compte-rendu des 3 conférences
Réussir son projet paille
L’objectif de cette conférence était d’apporter aux futurs Maitres d’Ouvrage de projets en bois et paille toutes les informations nécessaires pour leur permettre de réaliser leurs projets dans les meilleurs délais et au meilleur cout en évitant un certain nombre d’écueils rencontrés par les équipes de Maîtrises d’Ouvrage totalement novices dans ce domaine. Quelques exemples : faire appel à un programmiste qui connait déjà les biosourcés et la paille, sécuriser le projet avec un AMO paille, mobiliser le plus tôt possible un BE structure bois et s’assurer que l’architecte ainsi que l’entreprise de charpente qui réalisera les caissons bois et paille sont bien formés Propaille. Mais aussi visiter des projets paille terminés ou en chantier et sourcer les entreprises locales qui disposent de savoir-faire spécifiques. ..
Intervenants : Mathilde Heren (Murmur Architecte), Frédéric Cousin (Toerana Habitat), Thomas Baudot (Fibois HdF), Sebastien ATHANE (Région Hauts-de-France) et Benoit Legouge (Etudes bois du Barrois)
Bioclimatisme et paille
L’objectif de cette conférence était d’apporter aux MOA novices les bases théoriques du bioclimatisme (choix de l’orientation et de l’exposition du projet sur la parcelle en fonction de l’environnement extérieur), éléments sur la structure et l’agencement des parois ainsi que l’utilisation de matériaux biosourcés et géosourcés locaux. Mais aussi présenter un exemple concret sur la manière dont ces principes sont appliqués avec la présentation du projets de l’Ecole communale de Gommegnies (réflexion amont plus organisation et déroulement du chantier).
Intervenants : Yannick Champain (Vivarchi) et Amélie Fontaine (Atelier Amélie Fontaine)
Migration de la vapeur d'eau
Cette fois sur le sujet est beaucoup plus technique et pointu, une conférence qui était destinées avant tout aux professionnels de la construction afin de leur rappeler certains principes de base déjà vus en formation Propaille ou en d’autres occasions. Tout bâtiment accueillant du public doit être en capacité d’évacuer la vapeur d’eau produite par ses occupants dans des quantités plus ou moins importantes selon son usage. Ainsi le non-respect de certains principes physiques de base peut déboucher sur des sinistres lorsque la vapeur d’eau n’est pas évacuée et finit pas se condenser à l’intérieur, pouvant ainsi occasionner des sinistres. En conclusion : mieux vaut prévenir que guérir !
Intervenants : Simon Himpens (Simon et Capucine), Grégoire Herbert (MODUO), Léo Deckert (MODUO), Clément Turbant (Energelio)
compte-rendu des 4 ateliers
Insufflation de paille hachée
L’enjeu de cette technique nouvelle en France est énorme, dans le domaine de l’isolation bois et paille nous sommes tributaires des caractéristiques dimensionnelles des petits ballots de paille : une épaisseur minimale de 36 cm du petit ballot qui se révèle supérieure aux besoins réels pour de la rénovation et entraine aussi une surconsommation de bois). Avec l’insufflation dans un caisson en bois au moyen une cardeuse (comme pour de la ouate de cellulose) on s’affranchit de ces contraintes dimensionnelles et on gagne du temps sur la mise en œuvre « des ballots de paille dans l’ossature en bois qui jusqu’ici se faisait « en force ». La généralisation de cette technique, qui en est au stade de l’expérimentation, permettra de réaliser d’importants gains de productivité source d’une baisse de prix et facilitera aussi l’emploi de la paille pour les projets de rénovation de l’ancien.
Intervenants : Mise en œuvre par Frédéric Cousin (Toerana Habitat) et Rémy Knibbe (2C2B Charpentes), avec le concours Cyril Mare (Mare Charpentes)
Enduit Terre sur Paille
C’est une évidence l’utilisation de la terre crue (= argile non cuite) est plébiscitée par toutes les architectes ayant déjà un peu de pratique dans la construction en bois et paille. Cette argile peut être appliquée directement sur une paroi en paille en 3 passes (couche d’accroche, couche intermédiaire et couche de finition) avec un rendu assez exceptionnel (large nuancier), une réparabilité à toute épreuve (un coup d’éponge suffit pour effacer les traces indésirables…), ainsi qu’un effet important sur l’affaiblissement accoustique. En parallèle la réalisation de murs internes en briques en briques de terre compressée (ou BTC) ou en Adobe (mélange argile + paille) se répand aussi rapidement car l’argile contribue à apporter plus d’inertie à l’ouvrage (variations de températures – à la hausse ou à la baisse – moins rapides) et elle est aussi réutilisable indéfiniment quand elle n’est pas cuite.
Intervenants : Mise en œuvre par Lucie Dautreppe et Charles Cintre (Toerana Habitat)
Intervenants : Thomas Baudot (Fibois Hauts-de-France)
Sensibilisation à utilisation de Bois d’origine régionale
En matière de charpente les bois utilisés régionalement sont souvent d’origine lointaine et constitués en majorité de résineux (épicéa, sapin du Nord ou Douglas…) parcourant des centaines de km (et souvent par-delà les frontières avec un bilan carbone désastreux), alors que si l’on connaît bien nos ressources régionales (constituées à 95% de feuillus) il est envisageable de procéder autrement en faveur d’essences locales comme le bois de peuplier (pour lequel une véritable filière locale monte en puissance) ou encore l’utilisation de châtaigniers et d’aulnes régionaux pour la réalisation des bardages extérieurs.
Visites commentées de Terrabŭndo
Terrabŭndo c’est 1400m² dédiés aux entrepreneurs engagés et aux porteurs de projets innovants du territoire et d’ailleurs. Bas-carbone et circulaire, Terrabŭndo propose des espaces aménagés de façon éco-conçue et un écosystème d’entreprises et d’acteurs agissant en faveur d’une économie plus durable, locale et circulaire.
Intervenants : Bureau d’études MODUO, Groupe MAES Architectes Urbanistes
Les projets majeurs en hauts-de-france
Pour les projets terminés en 2023 :
➜ Le pôle sportif de st-Quentin (Livraison : juin 2023), d’une surface remarquable de 4910 m², qui accueillera les entrainements et compétitions pour les activités de ping-pong et gymnastique
➜ Rénovation et extension d’une ancienne maison de maître à Guines (livraison : Septembre 2023), d’une surface de 533 m² pour y faire 9 logements sociaux
➜ L’usine de valorisation de déchets du LFB à Bailleul-Sir-Berthoult (livraison : Mai 2023), d’une surface de 1435 m². Une exception puisqu’il est rare d’avoir des projets industriels en biosourcés
Pour les projets en cours de chantier :
➜ Le Groupe scolaire antoine-de-saint-exupéry de Gommenies, d’une surface de 800 m². Il s’agit d’une extension de l’école existante pour y recevoir des classes de maternelle. La livraison est prévue pour avril 2024
➜ Un béguinage de 20 logements à Grandvillers, d’une surface de 1600 m², dont le chantier vient de commencer en septembre 2023 et qui devrait se terminer fin 2025 / début 2026
➜ Un tiers lieu Numérique à Magnicourt-en-comté, d’une surface de 490 m² pour accueillir entre autres un espace de coworking pour infirmières (suivi de santé à distance de séniors)
➜ La salle polyvalente de Fourmies pour une surface de 650 m²